Combattre le SNU, c’est se battre contre le dogmatisme, pour la liberté de conscience et la liberté d’expression

 Le « lever des couleurs » : un rite politique

Le « lever des couleurs » (le drapeau français) au chant de la Marseillaise constitue un rite politique, d’origine militaire. Un tel rite, imposé de façon quotidienne lors du séjour de cohésion du SNU, a, comme tout rite politique, plusieurs objectifs :

- l’intégration des individus dans le groupe effectuant ce rite (intégration qui n’a aucun caractère émancipateur),

- l’affichage de positions politiques (ici le nationalisme et l’exaltation de la nation),

- la légitimation du pouvoir promouvant ce rite politique (c’est le pouvoir en place et ses relais qui imposent et obligent tout participant au séjour de cohésion du SNU à effectuer quotidiennement le rite politique du « lever des couleurs »).

Certains jeunes qui ont fait le SNU ou se posent la question de le faire, se disent que le lever quotidien du drapeau est une contrainte mais que cela est supportable au regard des autres activités proposées. Mais pour tous les jeunes qui font le séjour de cohésion, qu’ils en soient conscients ou non, participer au rite du lever du drapeau constitue un acte d’allégeance au pouvoir en place, aujourd’hui celui de Macron.


Le terme « valeurs républicaines » n’est pas neutre politiquement

Le gouvernement cherche à masquer sa volonté d’endoctrinement de la jeunesse via le SNU en utilisant sans cesse le terme de « valeurs républicaines ». Le préambule du règlement intérieur 2023-24 du séjour de cohésion du SNU le dit clairement : l’un des objectifs de ce séjour est de favoriser « l’identification aux valeurs républicaines ». La première partie du règlement est ainsi intitulée « Transmission et respect des valeurs républicaine ».

Le terme de « valeurs » renvoie à une acception morale : les « valeurs républicaines » seraient « bonnes », et donc non critiquables. Or la Vème République n’est pas fondée sur des valeurs mais sur des principes, des règles… inscrites dans sa Constitution et qui sont critiquables ! Ainsi l’article 49.3 est inacceptable car anti-démocratique, tout comme l’état de siège… En outre, les notions de « liberté, égalité, fraternité » ne sont pas des « valeurs » mais des principes sur lesquels est érigée la République française, et ces principes se déclinent de façon très particulière : la Constitution mentionne par exemple le droit à « l’égalité devant la loi » (article 1) mais pas le droit à l’égalité sociale… Dans la même veine, la liberté d’expression et la liberté de circulation sont encadrées et toutes relatives

Derrière l’objectif du gouvernement, que les jeunes s’identifient aux « valeurs républicaines », l’idée est ainsi de les endoctriner pour qu’ils cessent de critiquer la société dans laquelle nous vivons.


Le SNU contre la liberté de conscience

Dans le règlement intérieur, il est mentionné dans le paragraphe « Respect des valeurs républicaines », que le principe de « neutralité » doit être respecté. Ceci est en contradiction avec la loi de 1905 dont le premier article explique que « La République assure la liberté de conscience » : ce sont les fonctionnaires qui doivent être neutres et ne pas afficher, dans l’exercice de leurs fonctions, leurs convictions religieuses ou non religieuses, mais pas les citoyens (rappelons qu’à l’école, tout signe discret est autorisé pour les élèves). En outre, l’affirmation de ce principe de « neutralité » des jeunes participant au SNU est aussi en contradiction avec un autre paragraphe du même règlement qui explique que : « Les convictions religieuses, politiques, idéologiques de chacun sont respectées » ( mais qu’elles « ne doivent pas donner lieu à des actes de pression »), et cite ensuite l’article 40 du code de procédure pénale.

Ce même règlement intérieur n’a en outre aucune gène à inscrire en annexe du règlement un tableau indicatif des sanctions dans lequel on peut lire que toute absence est punie (après avoir indiqué clairement que le lever quotidien du drapeau est « obligatoire »). Ainsi un jeune qui refuserait d’être présent au lever du drapeau pour des motifs politiques est menacé de punition… ce qui est un acte de pression passible de sanction pénale (article 40...) !

Le séjour de cohésion s’assoit ainsi complètement sur les droits des citoyens et notamment le droit à la liberté de conscience… tout en faisant croire qu’il la garantie. Il s’agit là de tromper les jeunes et leurs parents sur les objectifs du SNU afin qu’ils n’aient aucune crainte à signer ce règlement intérieur (la signature est obligatoire pour les jeunes, et leurs parents, pour pouvoir participer au SNU).

Mais accepter de signer un tel règlement, c’est aussi accepter de se soumettre à une obligation de « neutralité » politique (et religieuse) et accepter d’être puni si l’on refuse de participer à des activité contraires à ses opinions politiques. Ces signatures reviennent ainsi, d’une certaine façon, à soutenir la politique de Macron contre les liberté démocratiques et ne pourront que l’aider à préparer de nouvelles attaques (et cela, parfois à l’insu de signataires – les jeunes et leurs parents - qui n’ont pas toujours conscience de la portée d’un tel acte).


Combattre le dogmatisme et leur politique

Les rites (ou rituels) ont, par définition, un caractère dogmatique (il s’agit d’une « pratique réglée, à caractère symbolique ou magique (...) » d’après l’Académie française). Les « valeurs républicaines » définies par la Vème République et par Macron ainsi que le règlement intérieur du séjour de cohésion du SNU s’inscrivent notamment contre l’égalité sociale et contre la liberté de conscience et d’expression.

Qu’on le veuille ou non, participer au SNU, c’est soutenir le dogmatisme et cette orientation politique (de façon volontaire ou non). Combattre pour l’abrogation du SNU, c’est combattre contre le dogmatisme et l’orientation politique de Macron, et notamment pour la liberté de conscience et la liberté d’expression.


Contribution du Collectif Lyon-69 contre le SNU





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